"Science Interdite"
Journal 1957-1969
Jacques Vallée
Observatoire des Parasciences Editions - 1992 (1997 en version française)
439 pages
Après une maîtrise d'astrophysique, Jacques Vallée part aux USA et obtient en 1967 un doctorat à l'Université Northwestern. Il entre dès lors dans l'univers de la haute technologie. De 1969 à 1977, il dirige le développement de systèmes logiciels de pointe en Californie pour la Fondation nationale des sciences et le Département de la défense, successivement à Stanford, au SRI et à l'institut pour le futur. Il fonde une entreprise d'informatique qui lance les premières téléconférences en réseau, dix ans avant l'internet. Il est aussi l'auteur de plus de cinquante publications scientifiques et techniques.
Durant son passage à Northwestern, Jacques Vallée eut l'occasion de travailler étroitement avec le Pr Hynek, conseiller scientifique de l'Armée de l'air américaine sur la question des ovnis. Seul scientifique français qui ait eu accès aux dossiers du fameux projet "Livre Bleu", il entreprit des recherches indépendantes sur le problème. Il résume sa position sur le sujet en affirmant que les rapports d'ovnis constituent un phénomène réel inexpliqué, qui obéit à une forme de conscience non humaine. Il refuse pourtant de s'aligner avec les nombreux ufologues qui y voient la preuve d'un contact avec des êtres extraterrestres. A son avis, cette théorie n'est qu'une hypothèse parmi d'autres : le phénomène ovni est avant tout "une occasion de faire de la bonne science". Avec Science interdite - la publication de son journal de 1957 à 1969 - il verse au dossier des observations historiques importantes, mais dépasse les contradictions des théories en présence, ouvrant la voie à une révision fondamentale de la notion même de réalité.
Auteur prolifique, esprit visionaire, Jacques Vallée aura marqué de son empreinte l'étude du paranormal de ces quarantes dernières années.
Devenu rapidement l'un des principaux acteurs du domaine, son nom est lié à toutes les causes importantes.
Personnage attachant au parcours atypique, Jacques Vallée fut immortalisé par Steven Spielberg, qui le prit comme modèle pour le rôle du scientifique français interprété par François Truffaut, dans son film Rencontres du 3e type.
Avec plusieurs millions d'exemplaires vendus de par le monde, chacun de ses livres sur les ovnis aura contribué au développement d'une réflexion originale sur le sujet, marquant plusieurs générations de lecteurs.
Suscitant analyses et controverses, c'est avec le recul du temps que l'on s'aperçoit souvent de la pertinence de son propos.
Petit résumé personnel :
Le journal de Jacques Vallée est un livre impressionnant par sa taille, plus de 400 pages, mais qui se lit facilement, puisque découpé au jour le jour. C'est passionnant de suivre l'évolution de ses pensées, de ses rencontres avec certains des principaux ufologues, au gré de ses multiples déménagements, ainsi que sa vie personnelle et sa perception des évènements mondiaux de son époque comme la guerre du Viet Nâm ou mai 68. On parcourt ainsi sa vie, ses doutes, ses découvertes, ses colères et ses joies et après cette lecture on ne peut qu'avoir l'impression de l'avoir réellement rencontré.
L'épilogue de cet ouvrage est une pièce maîtresse qui nous fait faire un bon dans le temps puisque ce journal fut publié plus de vingt ans après ses dernières lignes. Vallée n'a pas changé de point de vue entre temps. Ayant été accusé de renier le phénomène, il clarifie son point de vue : "Le phénomène OVNI existe. Il a été avec nous tout au long de l'histoire. Il est de nature physique et reste inexpliqué pour la science contemporaine. Il représente un niveau de conscience que nous n'avons pas encore reconnu et qui est capable de manipuler des dimensions qui dépassent le temps et l'espace tels que nous les représentons. Il affecte notre propre conscience humaine d'une manière que nous ne comprenons pas et il se comporte globalement comme un système de contrôle."
A propos de cette notion de "système de contrôle", il explique : "Une nouvelle analyse sur ordinateur des tendances historiques, que j'effectuai vers le milieu des années 70, fournit un graphique remarquable montrant des "vagues" d'activité qui n'avaient rien de périodique. Fred Beckman et le professeur Price-Williams (de l'Université de Californie à Los Angeles) découvrirent une ressemblance entre cette évolution et les "schémas de renforcement" qui sont typiques d'un processus d'entraînement ou d'apprentissage : le phénomène se comportait comme un système de contrôle plutôt que comme une expédition de voyageurs extraterrestres.
Nous sommes entourés par des systèmes de contrôle. Certains font partie intégrante de la nature : l'écologie, les climats, la démographie en sont des exemples communs ; d'autres sont d'origine sociologique, comme le processus de l'éducation supérieure, la justice ou les camps de concentration ; d'autres encore, tels le contrôle d'altitude d'une fusée ou d'un satellite ou simplement l'humble thermostat sur le mur d'un appartement, sont de construction humaine.
Si le phénomène OVNI représente un système de contrôle, pouvons-nous le tester pour déterminer s'il est naturel ou artificiel, ouvert ou fermé ? C'est une des questions les plus intéressantes que l'on puisse poser à propos du phénomène et elle n'a pas encore reçu de réponse."
Vallée résume ses années de recherche : "Le phénomène OVNI joue un rôle important dans de nombreuses traditions mythologiques. Il a affecté nos religions et nos vues modernes sur l'univers. Il se peut qu'il nous trompe par les images qu'il nous présente, masqué comme il l'est sous différents déguisements dans différentes cultures : Dieu pour les anciens Hébreux ou pour les Mésopotamiens, elfe ou sylphe pour les chroniqueurs médiévaux, démon pour les Inquisiteurs chrétiens. Il a pu également se manifester sous la forme de fantôme ou d'esprit frappeur devant nos grands pères à la fin du XIXe siècle ou sous l'aspect de la Vierge Marie pour les dévots catholiques. Aujourd'hui, au sein de la civilisation technologique de la fin du XXe siècle, nous observons un phénomène qui surpasse nos astronautes et leurs brillantes combinaisons ou encore les nains à grosse tête de la science-fiction classique."
Il faut en effet avoir suivi jour après jour le parcours de Jacques Vallée pour comprendre cette conclusion. Son étude du phénomène commence à ses vingt ans, quand jeune astronome à l'observatoire de Paris il est chargé de surveiller les passages de satellites artificiels et qu'il note de temps en temps la présence de lumières n'entrant dans aucune des catégories d'objets connus. Se rendant compte de l'attitude négationniste des scientifiques, il s'expatrie aux Etats-Unis pour travailler à l'étude de ces phénomènes avec le célèbre astronome J. Allen Hynek, conseiller scientifique du projet "Livre Bleu" de l'US Air Force. Notant, étudiant, classifiant pendant dix ans les témoignages, il a pu en constater les étrangetés et petit à petit les rapprocher d'autres témoignages étranges des siècles passés. Ce journal nous permet de suivre pas à pas son chemin ; même si souvent il ne fait qu'évoquer brièvement ses recherches, il nous donne les clefs permettant de mieux comprendre sa vision.
Seconde question de son épilogue est la réaction scientifique devant le phénomène : "Pour la plupart des universitaires, l'ufologie est une aberration. Comment pourraient-ils aboutir à une conclusion différente ? Les vraies données n'ont jamais été exploitées. Le travail scientifique n'a jamais été fait et le lecteur de mon journal peut facilement en voir la raison : quelques scientifiques comme Hynek et moi et peut-être une douzaine d'autres, à titre individuel, ont consacré leurs ressources et leur temps libre à documenter des anecdotes intéressantes, mais la puissante machinerie de la science n'a jamais été utilisée pour analyser le phénomène. Notre plus grand échec fut notre incapacité à construire une argumentation assez forte devant nos collègues et à lancer une véritable enquête. Il est tout simplement impossible de spéculer sur les découvertes qui auraient pu en résulter.
Comme le journal le montre, mes premiers ouvrages soulevèrent un certain intérêt, à titre privé, parmi quelques scientifiques comme Fred Beckman à l'Université de Chicago, Douglas Price-Williams à l'Université de Californie à Los Angeles et Peter Sturrock à Stanford. Ils étaient arrivés à des conclusions semblables par leurs propres déductions. Ils furent les courageux pionniers d'un "Collège invisible" qui poursuivit son développement sans toutefois être en mesure d'entreprendre des recherches à long terme. Même l'ouvrage lucide publié par Allen Hynek en 1972 sous le titre "The UFO Experience", un classique qui visait à lancer ce qu'il appelait à juste titre "l'histoire naturelle du phénomène", ne réussit pas à créer un intérêt durable au sein du monde scientifique.
Comme je l'avais prédit à Allen, tout effort pour documenter les cas authentiques et pour les placer sur la scène publique créait en même temps un lucratif marché pour les escrocs de tout poil, qui n'hésitaient pas à fabriquer des histoires ahurissantes pour la plus grande joie de la presse à sensation et pour le plus grand profit des chaînes de télévision. Dans l'esprit de nombreux scientifiques, conservateurs par nature, un phénomène qui se prêtait ainsi à une exploitation éhontée par les médias et par des zélotes échevelés ne pouvait pas être digne d'attention. Les appels de Hynek comme les miens, furent tout simplement noyés dans le tumulte."
Vallée souligne ensuite l'impression constante d'une manipulation par les agences gouvernementales des études sur ces phénomènes. Sans jamais réussir à déterminer si une véritable recherche scientifique et militaire avait lieu en secret, il eut la claire révélation qu'il y avait une volonté de biaiser la recherche. La découverte du mémorandum de "Pentacle", dans les archives désordonnées de Hynek, lui montra que, dès 1953, les comités scientifiques officiels étaient manipulés. On trouvera en annexe de ce journal une retranscription de ce mémorandum qui propose rien de moins que d'organiser en secret simultanément la surveillance complète du ciel et l'apparition de nombreux objets volant non identifiés dans une région déterminée. Ainsi, tous les rapports venant de citoyens ordinaires ou de militaires et autres observateurs officiels pourraient être analysés et tout canular pourrait être dénoncé avec une quasi-certitude. Vallée en conclut que "l'exécutif du gouvernement des Etats-Unis, comme d'ailleurs des autres nations, est parfaitement au courant de la réalité physique et des formidables conséquences du problème OVNI. Il me semble également évident qu'un accord est en place à ce niveau pour étouffer les données et pour décourager la recherche indépendante. Les expériences répétées que nous avons connues au cours des années 60, quand nos requêtes discrètes au niveau le plus élevé du gouvernement français se heurtèrent à un mur de secret et de dénégations sont un indice très clair. Allen Hynek eut la même expérience à Washington. Bien sûr, un tel effort pour cacher des données publiques sans l'autorisation du Congrès est illégal aux Etats-Unis ; les militaires n'ont pas le droit de mentir délibérément aux citoyens ou de tromper les chercheurs scientifiques sur une question aussi fondamentale. Mais quand on y cherche un complot plus intelligent et plus diabolique, il est possible de se méprendre sur la profondeur de la stupidité bureaucratique. Il nous faut attendre qu'une lumière plus grande s'étende sur le sujet tout entier."
Pour terminer, Vallée fait le point sur les recherches futures et ses propres projets. Pour lui, "c'est au niveau des univers multiples et des systèmes de contrôle de la conscience que le phénomène OVNI devient scientifiquement intéressant et non pas au niveau simpliste de la recherche d'un "système de propulsion" des OVNI. La technologie que nous observons n'est peut être même pas basée sur ce que nous entendons actuellement par le mot "propulsion".
La cosmologie contemporaine reconnaît la possibilité et même le caractère inéluctable d'univers multiples ayant plus de quatre dimensions. Les communications et les voyages à travers notre propre univers ne sont plus considérés comme absolument soumis à la vitesse de la lumière et à une flèche constante du temps. Même le voyage vers le passé peut être envisagé sans créer nécessairement des paradoxes théoriques insurmontables. Ces développements sont fascinants. Ils ouvrent de vastes perspectives pour des aventures théoriques et expérimentales.
Si l'on considère le monde d'un point de vue informationnel et que l'on imagine toutes les manières possibles de structurer le temps et l'espace, la vieille idée de voyage spatial à bord de vaisseaux interplanétaires, idée à laquelle les technocrates restent attachés, apparaît comme franchement ringarde. La physique moderne l'a déjà dépassée en offrant une interprétation radicalement différente de la notion d'"extraterrestre".
Quand je regarde vers l'avenir, mon but est d'explorer certaines hypothèses sur le contrôle et les formes de communication qu'il est susceptible de favoriser. J'ai l'intention de reprendre à zéro les données accumulées, de critiquer mes propres conclusions et de tester à nouveau les théories en vigueur. Le moment est venu de tirer les leçons de notre échec devant la nature fondamentale du phénomène. Cela implique de chercher conseil auprès d'un cercle élargi d'experts, de réorganiser notre travail et d'éliminer une masse de données dépassées."
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"le Collège invisible"
Jacques Vallée
Albin Michel - 1975
254 pages
Le Collège invisible ? Un groupe de savant qui, depuis vingt-cinq ans, se consacre dans le secret à l'étude des phénomènes extra-terrestres.
Pourquoi le secret ? Parce qu'ils ont découvert que, face à l'univers du paranormal, de l'irrationnel, toutes les autorités dressent un mur de silence, allant jusqu'à détruire les données ou les témoignages "gênants".
Jacques Vallée, lui, ose parler de ces recherches poursuivies dans l'ombre...
Des amulettes antiques aux contacts avec Affa d'Uranus, des pouvoirs d'Uri Geller aux Rencontres du 3e type, le Collège invisible a recensé une longue chaîne de manifestations extra-terrestres.
Une force puissante, venue d'ailleurs, a autrefois influencé l'humanité et l'influence à nouveau : telle est la certitude exprimée par le Collège invisible dont l'auteur livre ici les plus fantastiques observations.
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Voici la préface par Aimé Michel |
Et l'introduction par l'auteur, Jacques Vallée |
PRÉFACE
VERS UNE MÉTA-LOGIQUE
par
AIMÉ MICHEL
Le nouveau livre de Jacques Vallée a le goût de ces cauchemars dans lesquels on voit grandir une menace que rien ne peut arrêter ni détourner : un goût de fatalité et de déjà vu.
Ce qu'il nous décrit, c'est en effet le lent basculement d'une civilisation, se développant dans l'indifférence générale. A mesure qu'on le lit, des souvenirs historiques reviennent en mémoire : la fin de la Grèce, la fin de Rome, la fin du christianisme médiéval. On me permettra d'ajouter quelques arguments à son magistral exposé
1. Le lecteur sera peut-être tenté de douter que l'obsession grandissante des OVNI présente ce caractère de généralité supposé par Vallée. Voici donc des chiffres irrécusables. En 1966, un sondage Gallup établissait qu'aux États-Unis 5,50% de la population adulte disaient avoir vu des OVNI. En novembre 1973, soit à peine sept ans plus tard, ce chiffre avait doublé, passant à 11%. Il n'existe pas de sondage aussi bien fait pour les autres pays. Mais on dispose de quelques moyens de comparaisons fiables, qui démontrent la même évolution dans tous les pays technologiquement avancés, y compris les pays de l Est.
2. Le lecteur sera peut-être aussi tenté de sous-estimer la gravité de cette évolution des esprits. Peut-être pensera-t-il qu'après tout, ces gens qui voient des soucoupes volantes sont une minorité marginale composée de faibles d'esprit sous l'influence d'une psychose collective. Voici donc d'autres chiffres.
D'abord, tous les sondages (1) montrent que loin d'être marginaux, les témoins des OVNI représentent un échantillonnage fidèle de la population : ils comptent l'exacte proportion requise, non seulement d'illettrés, mais aussi de bacheliers, d'ingénieurs, d ecclésiastiques, de professeurs d'universités, de savants, même du plus haut niveau. Ils comptent la proportion requise de fous et d'exaltés, mais aussi de personnes normales et responsables. Et si peut-être une différence se laisse appréhender, c'est qu'il y aurait plutôt davantage de témoins hautement éduqués et hautement responsables. Le sondage de novembre 1973 compte parmi les témoins 12% de diplômés des universités.
(1) Voir notamment l'étude d'Aldora Lee dans le rapport Condon.
Quant à l'influence de ces témoins sur la psychologie collective, les sondages nous apprennent que, toujours à la date de novembre 1973, cinquante et un pour cent de la population adulte globale se disait convaincue que les OVNI sont vraiment un phénomène non identifié, rebelle à toute explication. Il y avait donc en 1973 plus de la moitié de la population adulte américaine pour qui la présence réelle dans l'environnement humain d'un phénomène non rationalisé était un fait admis.
3. Enfin, on dira peut-être que ces chiffres traduisent simplement un désarroi historique général, normal et prévisible en toute époque d'incertitude et d'angoisse sur l'avenir, et que la cause ne doit pas en être recherchée dans les OVNI eux-mêmes, mais bien au contraire dans la crise du pétrole, la menace atomique, et autres sources de crainte sans lesquelles les OVNI disparaîtraient bientôt comme par enchantement.
Mais pour penser ainsi, il faut ne rien connaître au dossier du phénomène. L'une des vagues d'observations les plus denses de l'histoire des OVNI s'est déroulée en Papouasie orientale, parmi une population qui ignorait jusqu'à l'existence du pétrole, de l'atome et de tous nos motifs supposés d'angoisse, et qui n'avait jamais entendu parler d'Ovni auparavant.
Pas plus que Vallée, je ne sous-entends ici quoi que ce soit sur la nature réelle du phénomène. Je m'en tiens à sa sociologie. Mais qui est habilité à nous dire si quelque chose est vrai ou faux? Tant que nous croirons aux valeurs de la civilisation qui est la nôtre, il n'y a qu'une réponse à cette question : la science seule est habilitée à nous dire cela. Eh bien, force nous est de constater qu'aucune catégorie sociale n'est plus convaincue de l'existence réelle des Ovni que les savants qui ont étudié les témoignages. Un sondage datant du début 1974 montre que, parmi ceux-ci, plus de 95% pensent qu'il s'agit d'une réalité, les autres refusant simplement de se prononcer. Et qu'on ne croie pas que ces savants soient déjà contaminés d'avance par le fait même qu'ils avaient décidé d'étudier le phénomène, et qu'ils appartenaient donc d'emblée, au départ, à la frange toujours présente des " savants fous " : ces 95% comptent une forte majorité d'individus qui n'ont étudié les OVNI que parce qu'on les en avait chargés. Il s'agit bien de savants quelconques.
4. Vallée montre fort bien dans ce livre qu'un des camouflages les plus sûrs pour échapper à l'attention de l'élite intellectuelle d'une culture fondée sur la science et la raison, c'est l'absurdité. Là encore, je voudrais répondre à ceux qui seraient tentés de ne voir dans cette thèse qu'une séduisante vue de l'esprit. Ce que décrit Vallée s'est déjà produit dans l'Histoire, exactement de la même façon, à la fin de la civilisation antique. Cette civilisation était fondée, entre toutes les autres, sur la science et la raison. Je ne peux, dans ces brèves lignes, que renvoyer au dernier chapitre du livre admirable d'E.R. Dodds, le grand helléniste d'Oxford (1). Il y décrit avec une science sans égale la montée accélérée de l'absurde dans les soubassements. La société antique à partir du IIe siècle avant notre ère, et surtout pendant les derniers siècles de Rome, face à une intelligentsia toujours éclairée par le génie rationaliste de la Grèce. Oui, le camouflage par l'absurde a déjà une fois triomphé de la raison, et ce fut la plongée des hommes dans plus d'un millénaire de ténèbres, de violence, défolie, avec une éclipse totale de la science.
Imaginons un de ces savants alexandrins éduqués et intellectuellement nourris de la lecture d Archimède, d'Euclide, d Eratosthène, d Aristote, par exemple l'astronome Ptolémée. Imaginons cette scène : Ptolémée parcourant l Apocalypse, ou plutôt l'une des nombreuses " Apocalypses " qui circulaient alors. Comment un Ptolémée pouvait-il réagir à pareille confrontation? Par un haussement d'épaules écoeuré. L'idée d'accorder la moindre attention à un tel tissu d'incompréhensibles billevesées ne pouvait évidemment lui venir. Cette scène a dû se produire des milliers de fois à la fin l'Antiquité classique. Et l'on sait que chaque fois ce fut le même haussement d'épaules, puisqu'il n'existe cette époque aucun examen critique des doctrines, idées, et allégations de la "contre-culture" dont l'Apocalypse était une expression. Cette contre-culture était trop absurde pour retenir l'attention d'un lecteur la contre-culture triompha, et Platon fut jeté aux oubliettes pour mille ans. Voilà peut-être à quoi nous assistons une deuxième fois.
(1) Les Grecs et l'Irrationnel, Editions Aubier Montaigne, 1965.
5. " Mais cette fois, nous avons la technologie et la science expérimentale. " Cette remarque réconfortante est celle à laquelle, voilà quelques mois, Vallée et moi étions quand même parvenus après avoir discuté des idées de son livre.
C'est vrai. Cette fois, nous avons un instrument nouveau, et d'autant plus puissant qu'il se développe selon des lois exponentielles ayant complètement échappé au contrôle humain. Aucune erreur ni sottise humaines ne semblent plus pouvoir détruire la science et la raison, puisque l'essor de la science et de la raison est devenu un phénomène apparemment indépendant de notre volonté.
La question est de savoir si la nature même de l'essor scientifique le met vraiment à l'abri de tout risque d'effondrement. Et précisément je vois à la science un talon d Achille qui, sauf imprévisible révolution, me semble irrémédiable. Si le " système de contrôle " dont parle Vallée attaque la science par ce défaut, il ne saurait exister aucun moyen de s'en rendre compte, et donc aucune riposte. Ce talon d'Achille, c'est la nature statistique du constat scientifique.
On se sert souvent en science de tables de nombres aléatoires. Ces tables sont une collection de nombres entre lesquels n'existe aucune corrélation. Si, dans une telle table, je remplace telle ligne par telle autre, ou telle page par telle autre, il ne se passe rien, il n'en découle rien que nous puissions déceler par des expériences basées sur les chiffres tirés de la table. Et cependant ces chiffres obéissent à des lois qui sont celles du hasard : par exemple je peux prévoir à peu près combien de fois, dans une page, se trouvera le nombre 6, ou la série 4, 2, 1. Cette prévision reste valable même si je change tous les nombres de la page en leur substituant ceux d'une autre page. Nous avons là le modèle d'une connaissance scientifique précise portant sur un ensemble de données (des nombres) pouvant être toutes changées impunément, sans qu'un moyen rationnel de le savoir soit même concevable.
Or, il n'existe de connaissance scientifique que statistique. Tous les phénomènes de l'Univers se décomposent en événements aléatoires, donc rigoureusement interchangeables. Si un malin génie (ou un système de contrôle) se mêlait de changer tous les événements singuliers de l'Univers, tout serait modifié sans que nous puissions jamais nous en apercevoir.
Voici un exemple particulier d'un tel événement indécelable : si, voilà cent ans, un système de contrôle s'était mis 4 intervenir dans toutes les rencontres entre ovules et gamètes au moment de la fécondation, aucun des hommes actuellement vivants n'aurait vu le jour, aucun de nous n'existerait. Et les hommes qui existeraient à notre place n'auraient aucun moyen d'être jamais avertis qu'ils ont été mis en place par le système de contrôle.
Cette spéculation a certes de quoi démoraliser, mais nous avons une excellente raison de penser qu'elle ne s'applique pas rigoureusement au cas des OVNI et à la montée de l'irrationnel qu'ils représentent. C'est que, précisément, les OVNI sont décelables. Ils apparaissent dans le visible. Ils se manifestent dans le cadre de notre perception. On peut les étudier. Mais contradictoirement, ils se manifestent d'une façon telle que nous savons qu'ils dépassent aussi le cadre de notre perception et de notre entendement.
Le présent ouvrage de Vallée marque une étape essentielle dans notre- prise de conscience de cette réalité qui pour une part nous dépasse. Quiconque le lira sérieusement reconnaîtra son importance historique. Sans doute n'avons-nous aucune idée, ou qu'une idée bien incertaine, de la façon dont la raison humaine pourra affronter ce qui la dépasse. Mais peut-être le plus important sera-t-il acquis quand nous aurons admis la nature du défi qui nous est porté. De ce sang-froid, Vallée nous donne ici un modèle. Sa réflexion introduit la recherche d'une méta-logique capable de manipuler les phénomènes qui la dépassent en écartant une fois pour toutes le piège séculaire de la superstition, ce cauchemar de la raison. Les cauchemars perdent de leur empire et tendent à se dissiper dès que l'on fait l'effort de s'éveiller.
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INTRODUCTION
Autant l'avouer dès le début : j'ai vu des OVNI. Non seulement j'en ai vu, mais j'en ai observé, suivi et visé au théodolite au cours de mon travail astronomique. Un certain nombre de mes collègues en ont fait autant. Ces observations, faites voilà plus de quinze ans, nous conduisirent à entreprendre une enquête approfondie, et elle nous révéla l'existence de nombreux cas observés par des scientifiques professionnels dans le monde entier.
Les objets que nous suivions au théodolite n'étaient pas spectaculaires. Ils se comportaient comme des satellites artificiels, mais leur orbite était rétrograde et l'on n'arrivait presque jamais à les retrouver. A cette époque, aucun pays au monde n'avait de fusée assez puissante pour lancer un satellite rétrograde. Et la probabilité était infime pour qu'il s'agisse d'astéroïdes capturés par hasard par l'attraction terrestre. (Les Américains ont dans leurs dossiers des plaques photographiques montrant un de ces satellites inconnus sur deux orbites successives.)
Quelle que soit leur nature, ce ne sont pas ces objets mêmes qui, à l'époque (1961) me fascinèrent. Ce qui m'étonna, ce fut le comportement, la réaction psychologique des scientifiques qui m'entouraient. Leur unique préoccupation était d'éliminer cette intrusion de l'inexplicable. Ils accomplissaient cette "stérilisation" en niant les observations, en les attribuant à des avions quand ils ne pouvaient plus nier, et en détruisant purement et simplement les données quand on leur prouvait qu'il ne s'agissait pas d'avions. Souvent je me suis demandé combien de savants, dans combien de pays, détruisaient ou passaient sous silence, comme en France, la réalité de cas d'observations. Plus tard, aux États-Unis, j'ai rencontré les responsables de l'étude mondiale des satellites, et j'ai appris qu'ils étaient parfaitement au courant de l'existence d'objets inconnus.
Ces expériences personnelles avec des observations d'OVNI m'ont donné une connaissance précieuse des coulisses de la science. J'ai pris contact avec un certain nombre de scientifiques professionnels qui, comme moi, ont décidé d'aller jusqu'au bout dans l'étude de la nature de ce phénomène, et se sont passionnés pour la question de son origine intelligente possible. Au cours des années, ce petit groupe s'est agrandi. Par plaisanterie, il a pris le nom de " Collège invisible ".
Mon intérêt personnel pour les Ovni est passé par plusieurs phases au cours de ces années, mais ma curiosité à l'égard des savants qui détruisent, altèrent ou simplement ignorent les faits qu'ils sont censés étudier, cette curiosité n'a jamais été satisfaite en moi. Il est Vrai que les savants ne sont pas les seuls que l'on doive accuser de ce que le sujet des OVNI reste environné de ténèbres. Les militaires n'ont cessé de minimiser ce qu'ils considèrent comme une épineuse question de " relations publiques ". La communauté des services secrets n'a pratiquement rien fait. Les mass média ont été irresponsables. Et les enthousiastes ont été... enthousiasmés! Mais nous ne devons pas nous attendre à autre chose de la part des militaires, des services secrets, de la presse et des amateurs. Ils ont chacun leur but et leur motivation, qui n'est pas la recherche. De la part des savants, au contraire, on aurait pu s'attendre à une tout autre attitude : n'ont-ils pas voué leur Vie à l'étude de l'inconnu? S'ils ne maintiennent pas comme une discipline absolue le rigoureux respect des faits observés, alors c'en est fait de la science. Un tel fossé a maintenant été creusé entre les déclarations des savants et les croyances populaires que l'on doit s'en inquiéter quand on se trouve en mesure de connaître les unes et les autres. C'est pourquoi je n'ai pas écrit un livre sur les Ovni ou les soucoupes volantes, mais sur les gens qui les voient et les savants qui les étudient. Au cours de cette étude, j'ai vu changer les témoins et j'ai vu changer les enquêteurs. Et moi aussi, j'ai changé.
En octobre 1973, j'ai rencontré un homme extraordinaire. Portant les vêtements bien coupés d'un conseiller industriel, il parlait la langue américaine avec un accent prononcé. Le sujet de notre entretien ce qu'il appelait sa " mission ". Plusieurs années auparavant, me dit-il, il s'était trouvé à bord d'une " soucoupe volante " et avait appris " certaines choses " dont il voulait m'entretenir et, si possible, obtenir la clef. Une des conséquences de son aventure avait été un changement complet dans sa vie, la cassure avec son pays natal (où sa famille occupe une position sociale éminente) et avec son milieu. Il est venu vivre aux États-Unis, où il est ingénieur-conseil auprès d'une grande entreprise - qui, naturellement, ignore tout de son expérience.
Quelques années plus tôt, j'aurais immédiatement supposé que cet homme, malgré son apparente sincérité, était un farceur ou un fou. Mais en 1972 et 1973 j'ai pu observer de très près un autre personnage qui, lui aussi, a vu sa vie changer radicalement à la suite d'une observation d'OVNI : cet autre personnage, c'était Uri Geller, dont je décrirai en son temps l'aventure. Mes expériences en compagnie de Geller m'avaient préparé au témoignage de l'ingénieur conseil, témoignage dont il m'a donné les détails et qui contient plusieurs éléments rencontrés communément dans les cas d'Ovni au sol : contraction de la durée du temps et apparition d'étranges effets physiologiques.
L'aventure que cet homme rapporta remonte au mois de juillet 1961. Il était alors étudiant, et marchait dans la campagne avec des camarades, à la recherche d'indices archéologiques. Il se trouva séparé de ses quatre compagnons et passa derrière un bosquet où il fut étonné de voir un disque de sept mètres de diamètre, posé au sol. Une sorte de plate-forme transparente lui permit d'accéder à l'intérieur, où il vit un poste de pilotage avec trois sièges et un écran montrant des scènes extérieures. Il était seul à bord de cet engin.
L'objet décolla, survola bientôt une zone désertique, et s'y posa. Comme dans un rêve, il sortit de l'engin et se trouva devant une machine qu'il compara à une unité d'ordinateur, mesurant plus d'un mètre de haut et sept mètres de long. Cette machine comportait rangée sur rangée d'enregistrements, évoquant ceux de nos modernes " machines à enseigner ". Pendant trois heures, il se trouva devant cet appareil, avec l'impression que l'on entassait dans son subconscient une série d'enseignements qui se déversaient directement dans son cerveau. Une grosse lampe à éclairs, située au sommet de l'appareil, l'éblouissait. Cette séance terminée, il remonta dans l'engin qui l'avait amené. Dix-huit jours s'étaient écoulés. Plusieurs unités de l'armée et de police le recherchaient. Il reparut à quelques mètres de l'endroit où il avait perdu de vue ses compagnons. Il portait la même fleur à la boutonnière. Sa barbe n'avait pas poussé.
Cet homme découvrit rapidement que son histoire était incroyable. Entouré de la curiosité générale, continuellement importuné, il finit par " confesser " qu'il avait monté un canular. On mit son aventure au nombre des fugues estudiantines. Pendant six mois après ce " canular ", il dormit de manière anormale. Il sombrait dans le sommeil, quoi qu'il fasse, vers 6 heures du soir, pour ne se réveiller que dans la matinée. Ensuite il se mit à regagner de plus en plus de temps sur le sommeil. Aujourd'hui, il prétend ne dormir que quelques heures par nuit. Il assure aussi que sa mémoire est devenue exceptionnelle. Il ne rêve plus (ou ne se souvient plus de ses rêves). Il " n'est plus jamais malade ".
Il existe une certaine similitude entre ce cas et celui d'Uri Geller.
Rappelons que Geller est un jeune prestidigitateur israélien âgé de trente ans qui professe certaines théories extraordinaires au sujet de sa propre " mission ", théories qu'il appuie de démonstrations étonnantes, vérifiées en laboratoire (chose que l'on ignore actuellement en France). Un médecin américain, Andrija Puharich (l), fit venir Geller aux États-Unis en 1971 et organisa un programme d'expériences avec plusieurs instituts scientifiques. Les aptitudes de Geller que l'on a ainsi pu vérifier comprennent le déclenchement d'une force qui affecte les objets matériels et parfois semble occasionner une dématérialisation. Les manifestations qui l'entourent sont semblables aux cas classiques de " poltergeist " ou, dans le langage populaire, " d'esprits ", que l'on trouve dans le folklore de tous les pays, brisant, déplaçant ou désintégrant des objets. Ce qui est significatif ici, c'est le fait que l'on ait pu mettre en évidence sous un contrôle rigoureux des changements de masse, enregistrés en laboratoire, et d'autres effets physiques causés par Geller. De notre point de vue, il est particulièrement remarquable que Geller se croie chargé d'une mission qui lui aurait été assignée par une mystérieuse source spatiale.
(1) Uri Geller d'Andrija PUHARICH, Ed. J'ai Lu, A 337**
L'ingénieur dont j'ai résumé l'aventure est en train d'acquérir peu à peu des traits semblables à ceux de Geller, bien que sa psychologie soit considérablement différente. Geller est un personnage qui recherche la publicité, au point, prétendent ses adversaires, de tricher lorsque ses " pouvoirs " lui font défaut. Au contraire, l'ingénieur est calme, discret, bien organisé, et tient à rester inconnu. Il croit que le fait d'avoir été " exposé " à la machine du désert l'a changé profondément. Il peut projeter sa conscience hors de son corps. Et il décrit des incidents de nature psychocinétique, comme Geller qui déforme des objets " par la pensée ".
Nous devons garder à la mémoire le fait le plus directement vérifiable de cette aventure, à savoir le départ de cet homme loin de son pays. Il est indéniable qu'il est venu aux États-Unis pour y poursuivre une " mission ". C'est en Californie qu'il s'est fixé car, dit-il, les changements fondamentaux de l'avenir y prendront naissance. Ces changements, d'après lui, seront politiques et sociaux. En d'autres circonstances, un homme animé de pareils motifs ferait rapidement connaissance avec les enquêteurs du FBI, le contre-espionnage américain. Mais que peut-on reprocher à un ingénieur-conseil aisé, bien habillé, sûr de lui, qui vous raconte une absurde histoire de " machine à enseigner ", rencontrée dans le désert?
Autre trait absurde, en apparence du moins aurait souffert d'une perte sensible de vision à la suite de son enlèvement. Alors qu'il possédait une vue parfaite avant d'être exposé à la lumière de la machine, elle se détériora ensuite rapidement. Au cours de toute son aventure, il ressentit aussi une vive douleur à la base du cerveau, " sous l'oreille ". Mais à aucun moment il ne Vit un pilote, un occupant, ou le moindre signe de Vie intelligente au Voisinage de l'appareil !
Toute activité humaine possède un côté secret. La science n'échappe pas à cette règle. Au delà des rapports d'expériences, secs et sans humour, dans les pages des journaux techniques, il y a la réalité de la recherche Vécue par de nombreux savants, hommes et femmes. Une grande partie de leur vie se passe à rassembler des données, à faire des observations. Toutes les données qu'ils rassemblent ne sont pas publiées. Le public n'apprend pas toutes les observations qu'ils font. Alors que le " siècle de la science " approche de sa fin, une proportion croissante des observations faites par les chercheurs n'est pas révélée parce qu'elle n'entre dans aucune des structures acceptées.
Il existe une certitude : une force étrangère se manifeste dans notre environnement. Des " choses " ont été Vues par des millions de personnes dans tous les pays. Elles ont été suivies par les radars militaires et photographiées dans l'espace par nos astronautes. Elles ont été filmées par les caméras automatiques des fusées-sondes et touchées du doigt par des cultivateurs. Elles ont été adorées par les âmes simples, niées par les savants, invoquées par les dévots, redoutées par les primitifs et narrées par les poètes. On les a nommées soucoupes Volantes, mystérieux objets célestes, objets Volants non identifiés. Mais ce n'est pas un livre sur les OVNi que j'écris. C'est un livre sur les quelques scientifiques qui enquêtent sur ces faits paranormaux, et qui forment le Collège invisible.
Les travaux du Collège invisible sont révolutionnaires parce que les savants qui le composent (une centaine dans cinq ou six pays) défient une certaine conception de l'autorité scientifique lorsqu'ils affirment que ces observations étranges méritent d'être étudiées, et que nulle théorie à leur sujet, même fantastique, ne doit être rejetée sans analyse. Depuis un quart de siècle, ils consacrent à cette tâche leur temps et leur énergie. Discrètement, ils apportent leur appui aux organisations d'amateurs qui rassemblent les données qui ne passent pas par les circuits officiels, et ils gardent intactes ces collections précieuses. De temps à autre, ils réussissent à porter la réalité du phénomène à la connaissance du public, et l'informent de l'existence d'un sérieux effort de recherche.
Les travaux du Collège invisible utilisent tous les appareils imaginables de l'arsenal du savant - depuis le microscope électronique jusqu'au spectrographe de masse, et une foule d'informations ont été recueillies sur la nature des fugitives " soucoupes ". Je suis devenu membre du Collège il y a plus de dix ans, lorsque le Pr Hynek (1), expert de l'armée de l'Air américaine sur le problème des OVNI, me proposa d'appliquer mes connaissances d'informatique à la standardisation et à la critique des statistiques du projet " Livre Bleu ". Au cours des années qui suivirent, j'ai appris bien des choses sur les OVNI - des choses qui n'étaient pas, et ne sont toujours pas, portées à la connaissance du public. J'ai Visité la Division des technologies étrangères de la base aérienne de Wright-Patterson, où les dossiers officiels d'OVNI de tous les États-Unis étaient centralisés. J'ai découvert que le niveau de frustration à l'égard de ce sujet étrange était aussi élevé parmi les militaires que parmi les mieux informés de mes collègues scientifiques. Pourtant, rien ne semblait pouvoir favoriser la publication des faits. La recherche continuait lentement, et nous rencontrions chaque jour la réalité du problème des OVNI.
(I) Les O.VN.I., mythe ou réalité?, Ed. J'ai Lu, A 327****; Nouveau rapport sur les O.VN.I., Ed. J'ai Lu, A 384****
Au fur et à mesure que l'on triait les faits significatifs des cas sans intérêt, il se formait une image étonnante : non seulement ces objets étaient vus en l'air, mais ils atterrissaient dans les champs et sur les routes de la planète Terre. Ils changeaient la vie des témoins qui se trouvaient à proximité. Quelques-uns racontèrent leur histoire aux journaux et l'on se moqua d'eux. Un bien plus grand nombre choisit de se taire. Peut-on blâmer les scientifiques qui doutèrent de la réalité de faits aussi partiellement rapportés?
Aujourd'hui, les événements que j'ai décrits semblent être entrés dans une phase qui rend nos méthodes désuètes. L'apparition sur la scène de quelques individus possédant apparemment des pouvoirs anormaux, comme Geller et mon ami l'ingénieur, ouvre une nouvelle phase décisive. Il est impossible d'étudier de telles données avec les seules techniques des statistiques, de l'informatique ou de la physique. La coopération d'un plus large groupe est nécessaire. Il nous faut des anthropologues et des prestidigitateurs, des explorateurs et des détectives, des théologiens et des artistes. C'est pour cela que j'ai écrit ce livre, pour enregistrer ma perception des faits et des problèmes sans cacher leur complexité, en décrivant leurs implications quand je croyais les percevoir. Et je propose les éléments d'un plan d'étude.
J'ai passé des heures avec Uri Geller. Je ne crois pas à la thèse des braves gens qui voient en lui un nouveau messie. Mon ami l'ingénieur affirme que, d'après sa " machine à enseigner ", les êtres de l'espace qui pilotent les OVNI n'ont pas de religion au sens humain et vivent dans une forme d'amour universel. Ils peuvent allonger la durée de la vie, remplacer les organes usés... Tout cela, je ne le crois pas non plus. Et pourtant je considère cet homme comme un témoin sincère. Pourquoi rejeter ses affirmations ? C'est une des questions que ce livre étudiera en détail.
Et qu'est-ce que je crois donc ?
Je crois qu'une force puissante a autrefois influencé l'humanité et l'influence maintenant à nouveau. Dans quel but? J'ai rassemblé les éléments d'une réponse. Quelle étrange technique utilise cette force pour son opération? C'est la question qui forme la base du travail du Collège invisible. Et voici ce que nous savons.
Stockholm, 10 août 1974.
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"Les Objets Volants Non Identifiés : mythe ou réalité ?"
J. Allen Hynek
Editions Belfond - 1974
305 pages
Il n'est pas de semaines où l'on ne signale, dans le ciel de Rome ou à l'horizon de Los Angeles, à moins qu'il ne soit aperçu des hublots de Concorde ou d'un téléscope d'Utrecht, quelque "Objet Volant Non Identifié", baptisé "soucoupe volante" par le grand public.
Ainsi se trouve périodiquement relancée une polémique qui dure depuis près d'un quart de sciècle, et qui oppose, parfois violemment, ceux "qui y croient" et ceux "qui n'y croient pas". Les O.V.N.I. sont-ils les derniers gadgets envoyés par les Martiens pour rendre la politesse aux capsules Apollo, ou bien des phénomènes naturels de condensation, travestis par des imaginations débordantes ?
Nul, jusqu'à présent, n'a tranché définitivement le débat. Voici que s'ajoute aujourd'hui à ce dossier une pièce fondamentale : le rapport de J. Allen Hynek, qui fut appelé en 1951, alors qu'il était directeur de l'Observatoire de MacMillin de l'Université d'Ohio, à diriger le programme d'enquêtes concernant les U.F.O. (Unidentified Flying Objects), et ce, pour le compte du ministère de l'Air des U.S.A.
Pendant vingt ans, J. Allen Hynek va enregistrer des milliers de témoignages, qu'il vérifiera, sélectionnera, testera. Le résultat, c'est "L'U.F.O. Experience" que nous publions aujourd'hui, synthèse d'un travail rigoureux et passionné d'un savant qui, devenu aujourd'hui directeur du Centre de Recherches astronomiques de la Northwestern University d'Evanston (Illinois), affirme envers et contre toutes les interprétations officielles : "Les soucoupes volantes existent, et je le démontre".
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"Les étrangers de l'espace"
Major Donald E. Keyhoe
Editions France-Empire - 1975
305 pages
Il y a trente ans, on les appelait des "soucoupes volantes". Aujourd'hui ces mystérieux engins qui sillonent le ciel ont reçu la dénomination officielle d'"objets volants non identifiés", c'est-à-dire O.V.N.I. pour la France et U.F.O. pour les Etats-Unis et le reste du monde. Ainsi est née également une science nouvelle, l'Ufologie qui, tenant compte de la précarité et de l'incertitude de nos éléments de connaissance, s'efforce d'analyser prudemment, méthodiquement et minutieusement tous les indices recueillis sur les manifestations extra-terrestres. Parmi les organismes qui procèdent à ce contrôle systématique, le plus important, à la fois par le nombre et la qualité de ses membres, est le N.I.C.A.P. (Comité National Américain d'Enquêtes sur les Phénomènes Aériens).
Ce sont les conclusions de quinze années de travaux réalisés par cette institution que le majoir Donald E. Keyhoe, qui fut directeur du N.I.C.A.P. de 1957 à 1972, nous livre dans ce surprenant ouvrage intitulé : " Les Etrangers de l'Espace".
Pour le major Keyhoe, la réalité des U.F.O. ne fait pas de doute. Ce qui l'inquiète davantage est l'inadmissible silence observé à ce propos dans les sphères gouvernementales, et en particulier aux Etats-Unis où l'état-major des forces aériennes et la C.I.A. refusent, d'un accord tacite, sous prétexte de sécurité militaire ou en vertu du secret d'Etat, de fournir une information objective à l'opinion publique. Donald E. Keyhoe réprouve cette attitude parce qu'il la juge dangeureuse. Plus encore que les méprises, il redoute les terribles répercussions que pourrait avoir une ample manifestation des U.F.O. sur une population non préparée à cette éventualité. C'est pourquoi il a décidé d'ouvrir tout grands ses dossiers, quitte à révéler un certain nombre de manoeuvres entreprises pour falsifier délibérément des enquêtes en faisant pression sur les témoins ou en imposant le silence à de hauts fonctionnaires.
On comprend dès lors que " Les Etrangers de l'Espace" constitue un document d'un intérêt capital et même exceptionnel. Loyal et courageux, son auteur est de surcroit, un narrateur précis, dont les affirmations reposent sur une documentation rigoureuse puisée aux sources du N.I.C.A.P., avec la collaboration de savants émérites et de chefs militaires prestigieux, tels le colonel Charles Lindbergh et l'amiral Hillenkoeter, ancien directeur de la C.I.A.
En attendant sa fiche de lecture, en cours de rédaction puisque je viens à peine de terminer ce livre, retrouvez un extrait illustrant la naissance du secret ovni aux Etats-Unis.
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