Voici un extrait du site de Michael Lecomte, critique d'art reconverti en chercheur du paranormal. "Des Enigmes et Des Hommes" est constitué de deux grands chapitres : les énigmes résolues, et les énigmes insolubles. Je l'ai choisi pour illustrer cette rubrique consacrée aux témoins de phénomènes paranormaux parce qu'il comporte de nombreux aspects étranges, sont suffisamment proches de notre époque pour qu'on puisse en retrouver la trace écrite, et concerne une observation collective. Vous retrouverez d'ailleurs ce fait divers relaté sur d'autres sites.
1855 - Devon -
Topsham est un bourg pittoresque situé au sud du Devon, non loin
de la mer. Quelques unes de ses maisons ont été construites
avec les briques hollandaises qui lestaient autrefois les cales des
navires, navires qui jouèrent un rôle dans la Guerre d'Indépendance
des Etats-Unis.
Il ne reste pas de souvenir urbain de l'événement
qui nous occupe ici, pas même "l'allée de la
chèvre", chemin appelé ainsi simplement parce qu'il
est étroit. Le fer à cheval cloué sur la porte
du n° 11 de la rue Follett n'est qu'un banal porte-bonheur.
Le 8 février 1855 s'est pourtant passé à Topsham
et dans la campagne proche un événement qui a occupé
beaucoup de place dans les colonnes des journaux et qui présente
l'avantage d'avoir eu de très nombreux témoins.
Ce matin-là on découvrit en effet dans la neige d'étranges
empreintes ayant vaguement la forme d'un sabot d'ongulé.
Chacune d'elles mesurait 10 cm de long sur 7 de large. L'animal
qui les avait laissées semblait s'être tenu debout
sur ses pattes arrière. Ces empreintes étaient imprimées
exactement l'une devant l'autre et sur une seule file à
intervalles réguliers. Mais surtout elles se suivaient le plus
souvent en ligne droite, évoquant l'idée insolite
et absurde d'un funambule marchant sur un fil.
On pensa à des empreintes dégradées par un changement
d'atmosphère. Mais la neige comportait également
des traces parfaitement définies laissées par des animaux
domestiques ; et les empreintes les plus précises étaient
justement celles du bizarre "ongulé". Elles étaient
d'ailleurs si nettes que, selon un témoin oculaire, elles
semblaient avoir été imprimées à l'aide
d'un "châssis mécanique".
On expliqua la progression en ligne droite par l'idée d'un
reptile, on pensa à des blaireaux, à des grues, à
des grenouilles, à des rats jusqu'à des outardes
et même à un kangourou. Mais aucun de ces animaux ne fournissait
d'explication plausible. Des groupes se formèrent, armés
sommairement de fusils de chasse ou de bâtons et accompagnés
de chiens. Ils sillonnèrent la campagne en tous sens, visitant
les fermes, reliant les villages de Bicton, Powdersham, Dawlish, Totnes,
Torquay et quelques autres.
Ils ne trouvèrent pas d'explication mais découvrirent
au contraire des faits incompréhensibles : la piste, qui mesurait
plus de cent miles, se recoupait à maints endroits à angle
droit, franchissait un estuaire et semblait ignorer les obstacles. Elle
traversait un hangar par le trou d'un mur, se promenait sur une
charrette ou sur des meules de foin enneigés. Surtout, elle se
jouait des murs séparant les jardins et les cours comme
en passant à travers. On découvrit même qu'elle
escaladait les toits des maisons.
De plus le dessin des empreintes était si précis que,
pour reprendre l'expression d'un autre observateur, elles
semblaient "coupées au diamant ou
faites à l'aide d'un tisonnier chaud".
Le comble fut atteint lorsqu'on en découvrit à l'intérieur
d'une buse de drainage de 15 centimètres de diamètre,
entrant et ressortant comme si de rien n'était...
Plusieurs citadins venus en curieux furent si impressionnés qu'ils
découpèrent des blocs de neige afin de conserver quelque
temps les empreintes dans leur jardin.
Malgré l'importance que la guerre de Crimée prenait
à l'époque dans les journaux ceux-ci couvrirent largement
l'événement, sauf le Times qui considérait
l'affaire tout juste bonne "à impressionner des campagnards"
(on peut toujours consulter ces journaux, matériellement ou sur
microfilms, à la Westminster Library).
Un journaliste qui habite Topsham de nos jours et que j'ai rencontré
par hasard dans l'ancien petit port n'avait jamais entendu
parler de l'événement.
Quatre points permettront de souligner l'intérêt
d'un tel cas :
1 - Au moment des faits, il était impossible de faire une telle
série d'empreintes dans la neige sans que les mystificateurs
éventuels ne laissent d'autres traces.
2 - Un être humain équipé des chaussures truquées
ne pouvait avoir laissé ces traces car leur force de pénétration
ne correspondait pas au poids d'une personne adulte ni même
à celui d'un enfant. Nul n'aurait d'ailleurs pu
parcourir plus de 100 miles en une nuit et encore moins sauter par dessus
des dizaines de murs.
3 - En 1855, les seuls objets capable de se déplacer sans laisser
de traces, donc sans prendre appui sur le sol, étaient des ballons
à air chaud ou à gaz. Mais un ballon libre ne peut se
déplacer longtemps en ligne droite. L'hypothèse d'un
ballon dirigeable n'est pas plus plausible car on aurait forcément
entendu le bruit du moteur. Ces derniers en étaient d'ailleurs
à leur tout début, le 1er essai d'un ballon à
propulsion mécanique (mû par la vapeur) ayant eu lieu à
la fin de l'année 1852 à Paris.
4 - Les empreintes ne portaient pas les marques d'une compression
mais semblaient avoir été effectuées par enlèvement
de la neige.
Nous sommes donc obligés de constater qu'il s'est
passé dans le Devon, au milieu du 19ème siècle,
un événement ne dépendant pas de l'intelligence
ou de la volonté humaine.
Nous avons ici une démonstration difficilement contestable de
la réalité du paranormal.
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